Un conte visuel inspiré de l’œuvre de Boubou Hama
« Toula et le génie des eaux » raconte l’histoire d’un peuple désespéré par l’absence de pluie. Dans un Sahel frappé par une cruelle sécheresse, les femmes, les hommes, les enfants et les bêtes meurent de soif. Les nappes phréatiques tarissent, transformant la terre nourricière en un tombeau aride. Face à ce fléau, le roi consulte un sorcier, qui exige le sacrifice d’une jeune femme pour apaiser la colère des dieux. Toula, l’héroïne est désignée…
C’est dans ce contexte dramatique que s’inscrit cette adaptation cinématographique d’un conte de Boubou Hama, réalisée par Moustapha Alassane.
Ce récit, aux accents tragiques et romantique, existe sous plusieurs formes dans l’œuvre de Boubou Hama. Il apparaît notamment dans « L’aventure extraordinaire de Bi Kado, fils de Noir » (1971), « Contes et légendes du Niger » (Tome III, 1972) et « Le double d’hier rencontre demain ».
Chaque version apporte une nuance, un éclairage différent sur les thèmes centraux : la quête de l’eau, la tradition face au changement, et la détermination humaine face à l’adversité. Cette légende est également mentionnée dans les « L’aventure d’Albarka » et dans « Histoire traditionnelle d’un peuple : les Zarma Songhai ».
Mise en image
Le film, tourné au sein des populations de Kouado et des Bororos d’Abala, s’appuie sur une esthétique immersive. La musique, de Sotégui Kouyaté (guitare, chant) et du griot Tinguizi, accompagne la voix de Oumar Cissé qui narre l’histoire entre les dialogues, renforçant la dimension poétique du conte.





On y retrouve des thèmes chers à Boubou Hama : la place de la femme dans la société traditionnelle, l’opposition entre la fatalité et la volonté de changer son destin, ainsi que le lien profond entre l’homme et la nature.
Moustapha Alassane, pionnier du cinéma africain
Né en 1935 à N’Dongo (actuel Bénin), Mustapha Alassane est un pionnier du 7e art africain. Innovateur, il est à l’origine du cinéma d’animation africain et a toujours cherché à conjuguer tradition et modernité dans ses films. Avec « Toula et le génie des eaux », il met en images un mythe ancestral tout en soulevant un débat social profond.
Une résonance contemporaine
Interdit pendant un temps par les autorités nigériennes, « Toula et le génie des eaux » reste un film poignant qui, au-delà de son aspect mythologique, soulève des questions toujours actuelles sur la gestion de l’eau au Sahel. Le film s’inscrit dans une longue réflexion sur cette ressource vitale, comme en témoigne plus récemment le film « Marcher sur l’eau » de Aïssa Maïga, qui dépeint la lutte contemporaine des populations sahéliennes contre la pénurie d’eau.
Visionnez le film:
Langue : Français, Songhay-zarma